Ultima IV

Lorsque Richard Garriott se lance sur Ultima IV, qui sortira en 1985, c’est avec l’intention de créer un nouveau concept de CRPG. Un jeu avec une morale, où le joueur devra incarner un personnage véritable bon contrairement aux nombreux CRPGs de l’époque – et ce y compris les précédents Ultima – où le personnage vole et pille au nom de la justice. “Ultima IV: Quest of the Avatar” fut une véritable révolution pour l’époque et on peut véritablement le considérer comme le premier vrai Jeu de Rôle du monde micro.

La révolution est le concept du jeu en lui même. Pas de monde à sauver, pas de grand méchant à affronter dans un combat épique. Au contraire, Ultima IV propose une quête très différente de tout ce qui avait été fait jusque là. Une quête dont le but n’est pas de sauver le royaume d’un quelconque danger, mais la recherche de soi. Une quête spirituelle et personnelle.

Spirituelle car il s’agit d’étudier les concepts des vertus, de “vivre” selon celles-ci et de les respecter pour finalement atteindre l’illumination et devenir l’Avatar. Personnelle car comme le montre l’introduction du jeu, le personnage principal est LE joueur lui-même, transporté sur Britannia. Et ainsi ce concept fait d’Ultima IV un jeu réellement roleplay, car s’il est toujours possible d’agir comme un criminel, il sera impossible d’achever le jeu si l’on ne joue pas en suivant les huits vertus.

Le système de jeu est globalement identique à celui d’Ultima III. Le monde est grand, on y trouve un grande nombre de villes et de villages remplis de PNJs, et le système de Moongates est également conservé. Le seul réel changement (mais de taille) concerne les dialogues – en effet ils sont maintenant interactifs et il est possible de réellement converser avec les différents personnages grâce à un système de mot clef (“Name”, “Job”, etc.) – simple mais efficace.

Parmi les changements plus mineurs on notera la disparition de toutes les races (Britannia devient un monde exclusivement peuplé d’humains) et un système de création de personnage très original qui s’effectue par une série de questions sur les Vertus. Les huit classes de personnage disponibles sont ainsi toutes dérivées d’une des Vertus. D’ailleurs on ne crée qu’un seul personnage et Ultima IV sera le premier volet à introduire le système des compagnons, c’est à dire des PNJs répartis à travers le monde (un par ville) qui se joindront à vous.

La magie subit également quelques changements puisqu’il faut maintenant mélanger des réactifs pour créer les sortilèges avant de pouvoir les lancer. De même il n’existe plus qu’un seul type de magie contrairement à Ultima III qui offrait de la magie cléricale en plus de la magie conventionnelle.

Graphiquement le jeu est quasiment identique à Ultima III (du moins aux versions 16-bits) et la seule véritable amélioration sont les donjons qui proposent des des décors texturés au lieu de la 3D pleine du précédent volets. Les musiques, toujours composées par Kenneth Arnorld, sont de la même veine que celles d’Ultima III et de toute beauté.

Ultima IV fut par bien des points le premier véritable volet de la Saga Ultima. Il introduit le concept des Vertus, l’Avatar, et le monde de Britannia qui sera conservé jusqu’au dernier volet. Même aujourd’hui Ultima IV reste l’un des meilleurs volets de la Saga, ne serait-ce que pour ce qu’il représente dans l’histoire de la série – et même, du jeu vidéo. Il est vrai qu’il a quelque peu vieilli et peu s’avérer lassant à cause de la quantité importante de combats, mais il reste un très bon jeu, la quête est longue et pas toujours évidente, et puisqu’il est disponible gratuitement et légalement, je ne peux que vous conseillez de vous y plongez.

 

  • Note sur la Version Française

Pour la petite histoire, on signalera qu’Ultima IV fut le premier Ultima à être doté d’une version française ! Cette “traduction” par contre est tout bonnement catastrophique. Probablement (et horriblement) traduite avec un dictionnaire par des incompétents en français, cette conversion propose des texte et des traductions minables (par exemple le célèbre “Board Frigate” traduit en… “Tableau Frégate” !). C’en est presque incompréhensible. Son plus grand crime néanmoins était en plus d’être entièrement buggée, empêchant tout utilisation des objets présents dans l’inventaire, et par conséquent, rendant le jeu impossible à terminer.

 

  • Version NES

Tout comme Exodus, Ultima IV a également été converti sur NES dans d’une version d’assez bonne facture. En fait le concept et plutôt proche des RPG Japonais de l’époque (comme les premiers Final Fantasy) du fait qu’il n’y a pas de dialogues “interactif” comme sur les versions micro. Les graphismes sont de la même veine qu’Exodus version NES, c’est à dire dans un style Nippon, mais il sont réussis. Enfin dans l’ensemble elle reste assez fidèle à la version d’origine et les musique sont très réussies. Au final cette version NES, sans valoir l’originale, ne manque pas de charme :).

 

  • Version Sega Master System

On notera également qu’Ultima IV fut adapté sur Sega Master System, et qu’il reste le seul Ultima jamais convertit sur une console SEGA. Cette version par contre est une très agréable surprise car elle est extrêmement fidèle à la version micro, et en offre tous les dialogues et toutes les possibilités. Les graphismes, quoique différents, sont de toute beauté et on retrouve également tous les thèmes musicaux de la version originale. La seule différence réelle vient des donjons qui offrent une vue de dessus au lieu de la vue en 3D, mais malgré ce détail ils restent identiques à leurs homologues micros. Cerise sur le gâteau : le système de combat diffère légèrement dans le sens où il s’agit à peu de choses prés de celui d’Ultima V ce qui signifie que l’on peut attaquer en diagonale ! Un plus non négligeable. Je dois avouer que personnellement j’ai un petit faible pour cette version Master System qui est à mes yeux la meilleure version existante d’Ultima IV 🙂