Ultima V: Lazarus

Ultima V : Lazarus est un remake d’Ultima V : Warriors of Destiny sorti en Décembre 2005. Il est le fruit de 5 longues années de développement, et il s’agit également du premier projet de fan majeur à avoir vu le jour. Initié par Tiberius Moongazer en l’an 2000, l’un des buts avoués de ce projet était de combler le vide suite à la sortie d’Ultima IX, dans l’espoir d’offrir un nouvel Ultima digne de ce nom aux fans et aux amateurs de CRPGs. Tiberius s’est rapidement tourné vers un remake d’Ultima V, car en plus d’être un de ses épisodes préférés, il possédait une trame de fond très intéressante, mais trop limitée par les moyens de l’époque (contrairement aux épisodes suivants qui bien qu’ayant vieilli sur un plan technologique restent toujours aussi intéressants sur un plan scénaristique).

Une équipe composée de fans et de volontaires s’est rapidement formée autour de Tiberius, et il fut décidé de créer ce remake en utilisant le moteur de Dungeon Siege, un RPG de Gas Powered en développement à l’époque et qui sorti en 2002. Si ce choix laissa nombre de fans sceptiques (Dungeon Siege étant un action-RPG très linéaire, à l’opposé de tout ce que représente Ultima), le moteur possède le grand avantage d’être totalement modulable, ce qui permettra à l’équipe de créer toute une fournée de nouveau systèmes permettant de transformer totalement le jeu original et d’offrir des possibilités que même les développeurs de Dungeon Siege n’avaient osé imaginer.
Le résultat, est une petite merveille.

Ultima V : Lazarus marque bel et bien le retour d’un Ultima digne de ce nom, chose que l’on espérait plus depuis la sortie d’Ultima IX en 1999 (les mauvaises langues ne manqueront certainement pas de dire qu’il s’agit du premier Ultima digne de ce nom depuis Ultima VII, mais passons…). Le moins que l’on puisse dire c’est que Dungeon Siege est méconnaissable, et qu’il n’y a pas de doute : on est devant un nouveau jeu complet avec ses propres règles, son propre univers, et sa propre ambiance.

Lazarus reprend donc tout les éléments qui faisaient la force d’Ultima V à la base, mais en les remettant à l’ordre du jour, s’inspirant aussi en grande partie d’Ultima VII (en commençant par le système de dialogues à base de mots clefs). Si le moteur de Dungeon Siege accuse un peu son âge, le tout est entièrement rattrapé par un design exceptionnel. Le monde de Britannia est recréé à la perfection : des villes grandes et peuplées, des contrées sauvages gigantesques offrant de très longues heures l’exploration, et des donjons tout aussi palpitants et variés sur des thèmes comme une mine abandonnée, des cavernes ténébreuses ou des tombes hantées. Et c’est sans parler des dangereuses profondeurs obscures du monde souterrain… De plus même si les chevaux et le tapis volant sont absents du jeu (car techniquement infaisable avec Dungeon Siege) il est toujours possible – et nécessaire – de voyager en bateau à travers Britannia ce qui est des plus appréciables !

Les nombre de PNJs est également très important – approchant les 300 – chacun ayant leur propre personnalité, et leurs propres dialogues. Qui plus est, tous possèdent un emploi du temps complet selon l’heure du jour (car il y a bien évidement un cycle jour/nuit), chose que l’on n’avait pas vu dans Ultima depuis Serpent Isle en 1992 ! Les personnages réagiront donc différemment selon l’heure du jour, mais également selon la présence ou non des Seigneurs de l’Ombre à proximité. Le nombre de quêtes est également conséquent, et il y a effectivement beaucoup de choses à faire – à tel point que l’on en regrette un peu l’absence de journal pour tout répertorier.

Bien évidemment le scénario est une réussite totale – le trame reprend tous les éléments du jeu original, mais en y ajoutant une profondeur digne de Serpent Isle, avec des dialogues longs et intéressants et un développement en profondeur de la lutte entre l’Oppression et la Résistance ainsi que des évènement ayant mené à la situation politique d’Ultima V. Aussi, bien que le jeu soi totalement non linéaire, cette lutte de pouvoir et cette ambiance se ressent complètement dans chaque cité créant de ce fait un univers solide et un scénario passionnant ! La cerise sur le gâteau vient de la possibilité de pouvoir jouer le jeu du côté de l’Oppression et de condamner Lord British au lieu d’essayer de le sauver menant ainsi à une fin totalement différente – une première dans un Ultima !

L’ambiance musicale est également particulièrement soignée, mélangeant des thèmes musicaux originaux à de magnifiques réorchestrations des thèmes du jeu original.

Le système de jeu reprend également les élément traditionnels d’Ultima : un progression en huit niveaux (auxquelles s’ajoutent quelques compétences que l’on peut apprendre auprès d’un entraîneur), un inventaire limité selon le poids, et le système de magie à base de Livre de Sort et de réactifs. Si le système de combat est limité à celui de Dungeon Siege (du temps réel avec une possibilité de pause comme dans Baldur’s Gate), il faut admettre que les combats peuvent s’avérer particulièrement ardus, amenant le joueur à devoir faire preuve de sens tactique pour pouvoir s’en sortir vivant !

Tout comme son modèle Ultima V, Lazarus offre donc une quête longue et réellement passionnante (comptez au minimum une cinquantaine d’heures de jeu), et il serait difficile de lui trouver de réels défauts (à part quelques rares bugs subsistants) surtout en considérant la nature du projet, qui rappelons le est le fruit de fans et entièrement gratuit, et propose pourtant un résultat supérieur à bien des projets professionnels.
Chapeau bas donc, Ultima V : Lazarus est un excellent RPG et un Ultima digne de ce nom. Indispensable.

 

  • Note sur la Version Française

Lazarus est également disponible en version française, et comme le savent ceux qui suivent ce site depuis longtemps, j’ai été l’initiateur de cette traduction dès 2001 ainsi que son traducteur principal, et cette traduction s’est effectuée en collaboration avec quelques autres personnes (j’ai nommé Elandryl, Dagon, Arma Dragon et Eric Ferro). De ce fait, je me vois mal pouvoir donner un avis objectif sur cette traduction, mais je pense malgré tout que nous avons fait un très bon travail – mon modèle pour cette traduction a toujours été l’excellente version française d’Ultima VIII et son utilisation efficace du vieux français qu’on retrouve ainsi dans Lazarus. Mon objectif était d’atteindre une qualité similaire, et je pense qu’il a été atteint – j’espère qu’il satisfera tous les fans français 🙂